L'hôpital de Montfavet : une longue histoire...

L'ordonnance royale du 21 septembre 1839 autorise la Maison de Santé à acquérir la principale partie du domaine de Montdevergues à Montfavet, d'abord pour y installer les convalescents, ensuite pour y transférer l'établissement tout entier. C'est en 1844 que les trente premiers malades hommes vont arriver, ils prendront alors place dans la ferme réaménagée.
De 1856 à 1862, les nouveaux bâtiments de l'asile vont être construits sous la direction de M. Ferrus, inspecteur général des asiles d'aliénés et M. Philippon, architecte du gouvernement. La plan d'ensemble est semi-circulaire avec des pavillons rayonnants. En tête se trouvent les services administratifs et, de part et d'autre, les pavillons d'un côté pour les hommes et de l'autre pour les femmes. Le bâtiment d'origine est prévu pour " 400 malades convalescents, en traitement, épileptiques, agités, pensionnaires, idiots, imbéciles et malpropres. " Les constructions nécessaires aux pavillons du directeur, du médecin, du concierge, de la buanderie, de la chapelle, du dépôt des morts complètent cet ensemble.
En 1862, l'ancienne maison de santé est abandonnée, et sur son emplacement est édifiée la Maison d'arrêt d'Avignon. Il ne reste comme témoignage de cette époque que la chapelle des Pénitents noirs dans la rue Banasterie. Il y a alors à Montdevergues 463 malades. L'hôpital va acquérir les domaines de Bel-Air (1867) et de Saint-Catherine (1875) pour le travail des champs. Le domaine agricole atteint désormais 22 hectares. Dès sa construction, l'asile de Montdevergues est une référence, " un des plus bels établissement d'Europe ", selon Ferrus. Mais l'hôpital se remplit très vite, il y a 750 malades en 1869, 1077 en 1881 et 1564 en 1901. De plus depuis 1871, il reçoit des patients des Basses-Alpes, du Gard, des Alpes-Maritimes. La Seine et les Hautes-Alpes vont aussi lui confier des malades un peu plus tard. La Centre arrive vite à saturation et les agrandissements vont se succéder à la fin du XIXème siècle : agrandissement des pensionnats, constructions, du bâtiment de l'infirmerie, prolongement des pavillons rayonnants…

L'église du Centre Hospitalier de Montfavet,
à la fin du XIXe (Bibliothèque municipale d'Avignon)

Un nouvel agrandissement est réalisé en 1924 avec l'achat de la partie est du domaine de Montdevergues, domaine de vingt trois hectares sur lequel se trouvent les ruines du château du XIIème siècle du même nom, au sommet de la colline.En 1943, le département, pour aider l'hôpital à faire face à ses problèmes d'approvisionnement, a mis à sa disposition la ferme de Saint-Gabriel avec son domaine cultivable de 5,6 hectares. Ces terrains ont ensuite été utilisés dans le cadre du travail thérapeutique en milieu rural. Y sont installées aujourd'hui plusieurs structures de soins. La structure des bâtiments bâtis va rester la même jusqu'à nos jours. Et, même s'ils ont souvent été réaménagés, modernisés, réadaptés à la psychiatrie moderne avec des méthodes de soins qui ont énormément évolué, il reste aujoud'hui encore des traces de la vie passée : anciennes cellules d'isolement, camisoles de force, uniformes de gardien, trousseaux de clés...volontairement conservés par le Centre Hospitalier de Montfavet pour garder un tépognage de l'histoire de Montdevergues.

La sectorisation et les structures extérieures

Une première circulaire est publiée dans le Journal Officiel, le 15 mars 1960. Elle est la première mouture de ce qui deviendra, en 1972, la sectorisation. Pour favoriser la réadaptation des malades, l'hôtpital va multiplier les structures extérieures. Il y a aujourd'hui 64 sites qui dépendent du Centre Hospitalier de Montfavet dans tout le Vaucluse (sauf le secteur de Pertuis) et le nord des Bouches du Rhône.

Parmi tous ces lieux, deux en particulier sont assez remarquables su point de vue patrimonial. Le château de Merignargues, appelé parfois Clos des Boquetons, construit en 1840 par Placide Bruno Valayer, évêque de Verdun. Situé dans le site d'Agroparc à Montfavet, il a été acheté par l'hôpital en 1994 et a, depuis, été entièrement restauré. Le bâtiment est représentatif des maisons de maître de la campagne avignonnaise avec une chapelle, une grange, une porcherie et une volière. Aujourd'hui Merignargues est un lieu d'hospitalisation pour adolescents. Le château de Saint-Lambert de Lioux est un château du XVIIème siècle situé à 700 m d'altitude dans le Luberon, près de Gordes. La demeure, achetée par le département en 1932, devient un sanatorium, puis un centre de convalescence pédiatrique, avant d'être finalement, en 1995, rattaché au Centre hospitalier de Montfavet.

L'art à Montfavet

Le célèbre sculpteur Camille Claudel (1864-1943) est entrée à l'hôpital psychiatrique de Montfavet (anciennement Montdevergues) le 9 septembre 1914, transférée avec d'autres patients de l'Asile de Ville-Evrard menacé par l'avancée des troupes allemandes. Camille souffrait d'une " psychose paranoïde " : son statut
de femme célibataire, de plus artiste marginale, a suffi pour la faire enfermer pendant
trente ans. Elle a connu Montfavet dans ses périodes les plus difficiles : la
surpopulation (2000 patients en 1937), la Première et surtout le Seconde
Guerre mondiale où les restrictions et la politique du régime de Vichy ont provoqué
une situation dramatique dans les hôpitaux psychiatriques, et où les pénuries et la
malnutrition ont entraîné de nombreux décès.
Un autre artiste moins connu a séjourné au CH de Montfavet. L'histoire de Frédéric Delanglade n'a rien de commun avec celle de Camille Claudel. Son passage dans les murs de l'hôpital s'est effectué en deux épisodes à un an d'intervalle.Un premier séjour en résidence d'artiste en 1969 et un deuxième en qualité d'hospitalisé en convalescence après une opération et à la suite de laquelle il décédera le 29 août 1970. C'est durant ces séjours qu'il exécutera des dessins et autres peintures pour le personnel du pavillon. Ami des surréalistes et en particulier d' Antonin Artaud, il créera trois fresques à l'hôpital Sainte Anne et écrira de nombreux articles sur le thème de l'art et la folie.

Source : Patrimoine Hospitalier de Vaucluse


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